Un bébé de 20 mois peut décider que le mot « girafe » ne lui convient pas et baptiser la peluche du salon d’un nom sorti tout droit de son imagination. La langue, pour lui, c’est un terrain d’expérimentation : entre syllabes improvisées et associations imprévues, chaque jour déborde de trouvailles sonores et de quiproquos irrésistibles.
Derrière ce joyeux désordre, une aventure bien plus profonde se tisse. Faut-il laisser faire, intervenir, guider ? Les réponses ne tiennent pas dans un manuel. Ici, gestes, mimiques, et petites routines font toute la différence. Aucune règle universelle : chaque foyer bricole son propre mode d’emploi pour accompagner ce grand bond vers le langage.
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Plan de l'article
Le langage à 20 mois : où en est mon enfant ?
À 20 mois, le développement du langage franchit un cap décisif. Pas de page blanche : tout commence bien avant la naissance, quand le bébé capte déjà les voix de ses parents, lové dans le ventre maternel. Puis viennent les cris de nouveau-né, premiers signaux d’une volonté de communiquer. Très vite, l’exploration de la bouche et des cordes vocales ouvre la voie à une multitude de sons.
Autour de 2 mois, place aux vocalises. À partir de 3-6 mois, le babillage s’installe, comme une répétition générale avant le grand spectacle des mots. La compréhension prend le dessus avant l’expression : l’enfant saisit bien plus qu’il ne peut formuler. Les premiers mots surgissent vers 12 mois, parfois méconnaissables, mais chargés de sens pour qui sait écouter.
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Entre 16 et 19 mois, une explosion lexicale peut survenir : l’enfant tente d’assembler deux mots, invente des « mots-phrases » et se frotte à la syntaxe. Son vocabulaire grossit, la prononciation reste hésitante, mais l’envie de communiquer l’emporte. Progressivement, la construction des phrases s’affine. Entre 18 et 24 mois, il utilise des pronoms, son propre prénom, et comprend des instructions plus complexes. Ce passage à la combinaison de mots marque un tournant.
- Imitation des sons : vers 21 mois, l’enfant s’amuse à reproduire ce qu’il entend autour de lui.
- Reprises de comptines : entre 18 et 27 mois, il chante des bribes, transformant la parole en jeu permanent.
La compréhension reste toujours en avance sur l’expression. Cette décalage, souvent source d’appréhension, fait pourtant partie du développement normal du langage chez le jeune enfant.
Quels signes indiquent un bon développement ou une difficulté ?
À 20 mois, l’évolution du langage suit sa propre cadence. Certains enfants jonglent avec les mots, d’autres avancent à petits pas. Plusieurs indices permettent de s’orienter : l’enfant comprend des consignes simples, nomme des objets, assemble parfois deux mots, imite des sons, fredonne des morceaux de chansons. Bientôt, les phrases de trois ou quatre mots feront leur apparition, la prononciation s’affinera, tout cela jusqu’à ses 3 ans et au-delà.
La compréhension devance toujours la parole. Un enfant qui répond à son prénom, pointe ce qui l’intéresse, ou suit des consignes simples, pose des jalons solides. Vers 2-3 ans, la curiosité explose : il pose mille questions, jongle avec un « charabia » créatif, s’entraîne à la conversation à sa manière.
Certains signaux méritent cependant vigilance :
- Peu ou pas d’efforts pour communiquer (gestes, sons, mots).
- Compréhension des consignes simples absente ou très limitée après 20 mois.
- Perte de mots déjà maîtrisés, retour en arrière dans le langage.
Un retard de langage peut se traduire par un répertoire de mots très restreint, aucune association de mots, ou une incompréhension persistante. En cas de doute, mieux vaut échanger avec le pédiatre ou un orthophoniste. Plus tôt on repère un trouble du langage, plus les solutions s’adaptent à l’enfant.
Stimuler la parole au quotidien : gestes simples et moments clés
Rien ne remplace l’abondance de parole et la variété du vocabulaire pour éveiller le langage. Parlez avec votre enfant, même s’il ne répond pas encore. Privilégiez mots simples et phrases courtes, jouez sur l’intonation : le rythme de la voix attire l’attention et laisse une empreinte sonore durable.
Décrivez les gestes, nommez chaque objet, verbalisez les émotions qui traversent la journée. Cette parole en action structure la pensée, donne des repères, nourrit la curiosité. À 20 mois, l’enfant s’approprie chaque mot dans son contexte, perfectionne sa compréhension — toujours en avance sur l’expression.
Les jeux d’imitation et les comptines sont des alliés précieux. Chantez ensemble, reproduisez les cris des animaux, inventez des histoires à deux voix. Les livres illustrés, feuilletés à quatre mains, multiplient les occasions d’apprendre et d’enrichir le lexique.
- Reformulez ses mots, valorisez chaque essai.
- Posez des questions ouvertes : « Qu’est-ce que tu vois ? », plutôt que « Tu as vu le chat ? ».
- Accompagnez les mots de gestes et de regards pour renforcer le sens.
Évitez les écrans : le langage se tisse dans le dialogue, pas devant une image figée. Les moments clés se glissent dans le quotidien : pendant le change, à table, en balade. Chaque instant devient prétexte à échanger, nommer, raconter.
Quand et comment solliciter un professionnel si le langage stagne ?
Faire appel à un spécialiste devient nécessaire lorsque le langage stagne ou régresse. À 20 mois, la plupart des enfants commencent à assembler deux mots, à tenter les mots-phrases, à suivre des consignes simples. Si ces étapes tardent à venir, ou si la compréhension reste limitée, il est temps de consulter.
Certains signaux doivent mettre la puce à l’oreille :
- Pas de babillage après 12 mois.
- Pas de mot isolé autour de 18 mois.
- Peu de réaction aux sons, à l’appel de son prénom.
- Aucune tentative d’association de mots ou de gestes pour communiquer.
Le pédiatre reste le premier point d’appui. Il évalue la situation et, si besoin, oriente vers un orthophoniste pour un bilan complet. Ce professionnel repère d’éventuels troubles du langage et propose un accompagnement sur mesure, en lien avec la famille. Un repérage précoce permet d’installer rapidement des stratégies adaptées.
L’accompagnement ne se limite pas aux mots. Il englobe le jeu, l’écoute, l’observation des interactions sociales. Certains troubles, comme les troubles du spectre autistique, peuvent se traduire par un retrait ou une absence d’intérêt pour la communication. Soyez attentif à ces indices. Attendre n’aide jamais : intervenir tôt, c’est ouvrir le champ des possibles pour l’enfant.
À cet âge, chaque jour compte. Le langage d’un tout-petit, c’est une passerelle vers le monde : à chacun de l’aider à la franchir, sans perdre de vue que chaque mot prononcé, même bancal, façonne déjà la personne qu’il deviendra.